Je vous avais promis de vous donner des nouvelles lorsque j’aurai enfin repris la course. Et je ne parle pas que des footings, sorties dominicales ou ballades mais bien de ce qui nous permet de se battre contre soi-même, la course en compétition.
Après un très et trop long break forcé, la reprise a enfin sonné pour moi dimanche dernier avec les championnats départementaux de Cross à Vertou près de Nantes. J’attendais depuis longtemps ce feu vert même si je dois bien avouer que j’étais encore, toujours assez inquiète par rapport à mes soucis de dos et hernies discales. Cependant après un mois et demi de reprise complète, les indicateurs étaient tous favorables puisque pas de crise pendant cette période d’entrainement à raison de 2,5 sorties hebdomadaires en moyenne (oui je m’en étais fixé 3 hebdomadaires mais il a plut à n’en plus pouvoir ici).
Voila donc comment je me suis retrouvée à chercher mes pointes (j’avoue aussi j’ai envoyé monsieur fouiller) au fond du cabanon. Petite touche nostalgique quand j’ai vu qu’elles avaient toujours un peu de terre d’il y à 3 ans et de mon dernier cross, Angoulême 2011. Cela-dit cette petite parenthèse sentimentale s’est vite effacée quand il a fallut passer plus de une heure trente pour défaire les pointes restées en place. La prochaine fois, j’essaierai vraiment de les enlever plutôt que de me battre avec toute la boite à outils après avoir foiré la clef spéciale pointes.
Nous avions donc rendez vous pour un départ de course à 15h. C’est toute une expédition les cross…
Il faut prévoir en plus de sa tenue d’arrivée sur place, la tenue d’échauffement avec une 1ère paire de runnings prêtes à affronter la boue; la tenue de course avec les pointes et assez légère pour ne pas être gênée pendant le cross, puis la tenue de récupération à remettre ( celle de l’échauffement convient je vous rassure) puis se rhabiller. Bref il faut quand même 3 tenues et 3 paires de chaussures. Autant vous dire que rien que de préparer son sac, c’est déjà le stress complet surtout pour une fille comme moi qui déteste faire les valises (et les défaire… Oui oui demain je range mon sac de sport … 😉 ).
Une fois arrivée sur site, on se croirait dans un camp de scout car il y a des tentes partout!!! Le petit jeu consiste à réaliser une chasse au trésor pour enfin trouver celle de son club et récupérer son dossard, sésame pour avoir le droit de s’aligner sur le départ de la course.
Pour moi le numéro de reprise sera donc le 860 ! Mince j’ai encore ouplié mes épingles à nourrice pour l’accroche sur l’avant de mon débardeur de club. Merci Sophie, coach émérite qui est toujours là pour nous sauver sur ce genre d’oublis… Je me change comme je peux dans notre tente et c’est parti pour l’échauffement avec les copines de club.
Nous effectuons un petit tour de reconnaissance des réjouissances et nous exaltons de voir une si belle nature. Au programme un 1er bain de boue et balnéo à environ 200m du départ suivi de deux belles côtes dont une a environ 15/18% puis un petit passage entre les racines forestières avant de renouer avec un petit soin des pieds dans une bonne glaise bien collante sur au moins 20m de longueur et 20 cm de hauteur. Pour continuer il nous faudra passer par un long faux plat montant qui fait un peu penser au couloir de la mort tellement il semble interminable…
Mais peu importe, ce dimanche il fait beau, il fait frais, il n’y a pas de vent et les conditions sont idéales pour profiter de ce petit face à face avec soi-même dans la nature. A 15h nous sommes un peu moins d’une centaine de femmes sur la ligne de départ. Sommes nous motivées, courageuses ou tout simplement folles, je ne sais pas. Tout ce que je sais c’est que nous sommes toutes animées par cette passion du running qui nous pousse à nous dépasser et que c’est là une saine folie.
Coup de pistolet, nous nous élançons dans la course. J’adore les départs où le stress nous donne l’impression d’avoir des jambes en coton. Heureusement on oublie vite ce stress pour tenter de se placer le mieux possible ou du moins chercher son espace au milieu du flot de coureuses. Comme m’avait dit mon coach, je pars un peu vite par rapport à mon rythme… Mince je vais encore me mettre « oxy » pour le reste de la course. Mais il faut dire que ça part tellement vite devant que cela nous entraine. La raison doit alors vite nous rappeler à l’ordre si l’on veut éviter d’exploser en vol dans quelques centaines de mètres.
Nous avons une petite boucle et deux grandes boucles à réaliser. Le calcul est vite fait, cela veut dire que nous aurons à gravir 6 côtes mortelles et traverser 5 rivières de boue. Après 500 mètres, le souffle commence déjà à se faire court alors je relâche un peu… Des filles me doublent je les laisse filer en gardant leurs maillots dans ma ligne de mire. Finalement je décide de ne rien lâcher car j’ai une revanche à prendre sur mon corps et ses 3 années de privation. Aux deux tiers de la course j’arrive à l’arrache à remonter quelques filles. J’aurai tout donné jusqu’à apercevoir cette belle ligne d’arrivée. Je finis 20ème sur 85. Je suis très contente de cette revanche sur mes galères de santé. Cette 1ère course était un vrai défi contre moi-même. Peu importe le temps, j’ai gagné ce défi là. Je me suis prouvé que malgré mes bobos passés et leurs petites séquelles persistantes, je pouvais recourir comme avant. Il y a une vie après le tunnel des hernies discales …
Je suis surtout très heureuse d’avoir fait cet effort et d’avoir prouvé à mes deux petits garçons qu’à force de courage, on peut réussir. Je pense en particulier à mon grand Eliot qui avait du pousser sa maman en fauteuil roulant pendant 10 jours parce que son dos lui bloquait la jambe alors qu’elle était enceinte de 8 mois…. Cette période de galère est effacée et exorcisée aujourd’hui. Il n’y a pas plus grand bonheur que de gravir une côte avec son fils qui court à côté en encourageant de toutes ses tripes « Allez maman !!! ». Et pendant ce temps là, le petit de 18 mois ne pense déjà qu’à une seule chose lui aussi… Il hurle pour qu’on le libère de sa poussette car lui aussi veut courir maintenant… Que du bonheur à venir encore… Merci le running dans la boue…
Crédits photos GUY LE NAIR – www.courses44.fr
Je voulais me mettre au cross cet hiver mais une très méchante tendinite à la cheville m’a contraint de remballer les chaussures durant 2 mois … j’espère être des votres l’année prochaine 🙂
Ah super, on croise les doigts alors pour que les blessures passent et que tu viennes prendre un bain de boue avec nous l’an prochain !